Alfred de Dreux
🐴 En ce dimanche 23 mars, célébrons l’anniversaire d’Alfred de Dreux (1810-1860), l’un des peintres français les plus emblématiques du genre équestre.
Élève de Léon Cogniet, il se forma dans le sillage du néoclassicisme, mais c’est surtout au contact de Théodore Géricault — dont il fréquenta l’atelier dès son adolescence — qu’il se forgea un langage pictural personnel, fait de vigueur, de mouvement et d’un goût prononcé pour la représentation du cheval dans toute sa noblesse.
🖌️ Dans la lignée des portraitistes animaliers britanniques tels que George Stubbs, Dreux adapta cette tradition au raffinement français. Il développa ainsi un style élégant où la précision du dessin, héritée de l’académisme, se maria à une touche souple, presque aérienne, qui confère à ses chevaux une vivacité saisissante. Il retint sans doute de Géricault les clairs-obscurs dramatiques propres au romantisme.
Plus qu’un sujet, le cheval était pour Dreux un acteur de la vie aristocratique et un symbole de puissance, d’élégance et de maîtrise. Très tôt introduit dans les cercles de la haute société grâce au soutien du duc d’Orléans, il devint le peintre attitré des cavaliers, des veneurs, des jockeys, et multiplia les portraits équestres, tantôt en action, tantôt dans la majesté de la pose. Son œuvre est ainsi étroitement lié à l’univers de la chasse à courre, du turf et des loisirs équestres de l’aristocratie du Second Empire.
🐎 On retrouve chez Dreux une fascination pour la musculature du cheval. Traitée avec un réalisme quasi sculptural, mais aussi une finesse dans le rendu des harnachements, des costumes, des paysages. En conjuguant exactitude anatomique et souci de la mise en scène mondaine, ses peintures oscillent entre le portrait mondain et la scène de genre.
Alliant réalisme anatomique, virtuosité technique et sens du faste, elles cristallisèrent l’idéal équestre d’une époque. En ce sens, l’art d’Alfred de Dreux reflète tant la fascination d’une société pour la relation étroite qui unissait l’homme et le cheval, que sa passion pour la noble monture qu’il ne cessa de magnifier. [*]
Bon dimanche ! 💫
2. Étalon gris effrayé par l’orage *
3. Étalon noir dans un paysage oriental (1845-48) *
4. Mademoiselle de Mossellmann montant dans le Bois de Boulogne (1848). Detroit Institute of Arts.
5. Black Knight (1840-50) *
6. Amazone en noir sur un cheval gris pommelé *
7. Étalon arabe (1846). Musée du Louvre.
* Collection privée
[*] À noter que pour son logo emblématique, la maison Hermès s’inspira d’une œuvre d’Alfred de Dreux représentant une calèche (un petit duc plus précisément) tirée par un cheval. Ce choix n’est pas anodin : il s’inscrit dans l’héritage équestre de la maison, fondée en 1837 comme atelier de harnachements et de selles pour la haute société. L’image du cheval attelé, tirée d’un dessin ou d’une lithographie de Dreux, symbolise à la fois l’élégance, la maîtrise et le raffinement artisanal, valeurs communes au peintre et à la maison Hermès. Ce logo, introduit dans les années 1950, témoigne ainsi d’un dialogue entre l’art et l’artisanat, et rend hommage à Dreux, dont l’univers aristocratique et équestre incarnait déjà, au XIXe siècle, un idéal de luxe et de distinction.

