Focus art

Mary Lizzie Macomber

🪽 Figures allégoriques venues d’outre-Atlantique.

Née un 21 août 1861 à Fall River, Massachusetts, la discrète Mary Lizzie Macomber (1861-1916) appartient à cette génération d’artistes américaines qui ont cherché, au travers de leur peinture, à concilier beauté formelle et quête spirituelle. Dès ses débuts, elle se détourne des natures mortes pour inventer un langage personnel, fait d’allégories et de figures féminines intemporelles. Tels des anges à la beauté diaphane, ses héroïnes incarnent la Foi, la Vérité, l’Espérance ou encore l’Amour blessé, autant de personnifications gracieuses et mystiques à la fois.

🎨 L’influence des Préraphaélites anglais est indéniable : mêmes visages idéalisés, mêmes étoffes délicates, mêmes compositions travaillées avec minutie. Macomber s’en distingue toutefois par une approche profondément différente du féminin. Au lieu des femmes fatales et déchues chères aux peintres masculins de la confrérie — figures plutôt façonnées pour séduire le regard masculin —, elle propose des incarnations chastes et recueillies, respectueuses d’idéaux spirituels. Ses héroïnes ne séduisent pas, elles méditent. Elles ne sont pas prisonnières d’une narration romantique, mais deviennent des allégories intemporelles, détentrices d’une vérité universelle.

Cette quête trouve également ancrage dans l’admiration que Macomber vouait au Quattrocento italien. Piero della Francesca, Fra Angelico ou Sandro Botticelli nourrissent sa recherche de pureté formelle et d’harmonie chromatique. Dans ses fonds sobres, ses compositions équilibrées et ses figures hiératiques, on retrouve l’écho de cette peinture renaissante où chaque geste semble porteur de spiritualité. De cette rencontre entre élégance de la Renaissance et ferveur symboliste naît une œuvre singulière, à la fois moderne et hors du temps.

🌹 Poétesse autant que peintre, Macomber transpose dans ses toiles le lyrisme qu’elle exprime par les mots. Malheureusement, une partie importante de son œuvre a disparu dans l’incendie de son atelier en 1903, ne laissant subsister qu’un corpus réduit, mais révélateur de son talent.

À bientôt sur Sfumato ! 💫

1. Un Instrument à cordes multiples (1897). Delaware Art Museum, Wilmington.
2. La Nuit et sa fille le Sommeil (1902). Smithsonian American Art Museum, Washington, DC.
3. Sainte Catherine (1896). Musée des Beaux-Arts de Boston.
4. Rosamond la Belle (1915). Delaware Art Museum.
5. Souvenir réconfortant le chagrin (1901–05). Bibliothèque publique de Fall River, Massachusetts.
6. Faith, Hope, and Love (1894). Coll. privée.
7. Stella Maris (1902–03). Worcester Art Museum, Massachusetts.
8. Étude pour Isabella (vers 1908). Fall River Historical Society, Massachusetts.