Carl Kahler
😸 42 chats et pas un de moins pour célébrer la naissance du peintre autrichien Carl Kahler (1855-1906) !
L’occasion idéale pour parler de son chef-d’œuvre, My Wife’s Lovers (1891), une toile monumentale et fascinante qui fut l’une des plus célèbres représentations animalières du XIXᵉ siècle.
🎨 Né en Autriche, Kahler s’était d’abord illustré comme portraitiste et peintre animalier. Sa carrière l’amena à voyager, notamment aux États-Unis où il trouva des mécènes parmi les élites fortunées, avides d’œuvres spectaculaires. C’est ainsi qu’il fit la rencontre de Catherine Kate Birdsall Johnson, riche héritière californienne et amoureuse passionnée des chats. Sa demeure abritait des dizaines de félins, persans et angoras, importés d’Europe à grands frais, qu’elle traitait avec une dévotion sans limite. Pour immortaliser ses compagnons, elle commanda à Kahler une œuvre d’envergure. Le peintre, qui n’avait alors jamais peint de chats, aurait ainsi passé près de deux ans à observer et dessiner ses pensionnaires.
Le résultat est saisissant : une fresque féline de plus de deux mètres de large où se déploient quarante-deux chats, disposés en gradins comme sur une scène de théâtre. Dans un décor de tentures soyeuses et de boiseries sculptées, le regard du spectateur est happé par l’éclat des fourrures, la variété des robes, la vivacité des attitudes. Au centre, un imposant chat au port altier semble régner sur cette cour féline, tel un souverain entouré de ses sujets.
🐾 Le titre, My Wife’s Lovers, aurait été suggéré par le mari de Catherine Johnson, non sans une pointe d’ironie. Mais au-delà de l’anecdote, le tableau incarne à merveille l’esprit d’une époque désireuse d’utiliser l’art comme miroir des passions intimes autant que de la richesse sociale. Présenté à l’Exposition universelle de Chicago en 1893, il y rencontra un immense succès auprès du public. Sa popularité fut telle qu’il fut décliné en de multiples copies et reproductions, contribuant à nourrir la légende de ce « plus grand portrait de chats du monde ».
Carl Kahler, qui devait périr tragiquement lors du séisme de San Francisco en 1906, a trouvé dans cette toile démesurée une forme d’immortalité. Chef-d’œuvre singulier et un peu extravagant, My Wife’s Lovers reste une célébration éclatante de la beauté féline et de l’excentricité d’une mécène hors du commun.
Après la mort de Catherine Johnson en 1893, l’huile sur toile est vendue à Ernest Haquette, qui l’expose dans son salon privé à San Francisco. Si le bâtiment fut détruit lors du tremblement de terre de 1906, elle survécut miraculeusement. Plus d’un siècle plus tard, en 2015, lors d’une vente aux enchères, la maison Sotheby’s adjugea le tableau pour 826 000 dollars à un collectionneur privé. L’année suivante, il retrouva le public au Portland Art Museum, dans une exposition organisée en partenariat avec l’Oregon Humane Society, afin de promouvoir l’adoption de chats.
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🖼️ Carl Kahler (1855-1906), My Wife’s Lovers (1891). Huile sur toile de 177,8 × 258,4 cm. Coll. privée.

