Corot & Trouillebert
🌳 Une parenté picturale qui donna lieu à une affaire célèbre.
Le 2 décembre prochain, l’étude Millon proposera aux enchères deux œuvres qui mettent en évidence les similarités stylistiques entre les deux maîtres de l’École de Barbizon.
🖼️ À première vue, les deux tableaux semblent se répondre comme deux variations d’une même sensibilité. Chez Corot, le paysage se concentre sur une clairière qui opère une modeste trouée dans une forêt sombre et dense. Chez Trouillebert, la rive s’ouvre vers de lointains rivages, sous un ciel lumineux. Les deux artistes accordent au motif humain une place discrète, presque incidente, telle une présence qui accompagne la nature plutôt qu’elle ne la domine. Cette parenté de regard explique pourquoi Trouillebert fut longtemps perçu comme l’héritier le plus naturel de Corot, pour conduire parfois à d’étonnantes confusions…
🔍 Un épisode devenu célèbre en est la meilleure illustration. En 1883, un paysage peint par Trouillebert quelques années plus tôt réapparaît, mais cette fois accompagné de la signature de Corot. Prévenu de la supercherie, l’acquéreur, un certain Alexandre Dumas fils, sollicite des vérifications qui confirment l’origine véritable de l’œuvre. Cependant, malgré l’évidence, les vendeurs maintiennent qu’il s’agit d’un authentique Corot, et l’affaire s’envenime au point d’enflammer la presse, en France comme à l’étranger. Pour faire cesser la rumeur et restaurer son intégrité, Trouillebert engage une action en justice afin que sa propre signature, préalablement effacée, soit officiellement rétablie. Le jugement finit par lui donner raison.
🌿 Si cette victoire judiciaire lui apporte une visibilité considérable, elle laisse aussi des traces : certains critiques le qualifient en effet de « Corot du pauvre », formule qu’il vivra douloureusement jusqu’à sa mort. En regardant aujourd’hui ces deux œuvres, on mesure combien Trouillebert ne se contente pas d’imiter le maître de Ville-d’Avray, mais finit par faire sienne la voie ouverte par Corot.
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Enchères à suivre ! 💫
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🗓️ Mardi 2 décembre, 13h30 : Vente Millon (Paris) @millon_auction
1. Lot 71 : Camille Jean-Baptiste COROT (1796-1875), La Gardienne de vaches. Huile sur toile signée de 36 x 25 cm. [ Estim. 10 000 – 15 000 € ]
2. Lot 75 : Paul-Désiré TROUILLEBERT (1829-1900), Retour de pêche avec pêcheur en barque. Huile sur toile de 64 x 81 cm. [ Estim. 3 000 – 4 000 € ]
crédit photo © maison de vente


