Foujita
🐱🖌️ En ce 27 novembre, célébrons la naissance d’un artiste follement épris des chats : Léonard Tsuguharu Foujita (1886-1968).
Figure à part dans l’histoire de l’art, cet artiste franco-japonais a traversé le XXᵉ siècle dans un équilibre subtil entre la culture de ses origines et celle qu’il fit sienne. Arrivé à Paris en 1913, il se fond très vite dans l’effervescence de Montparnasse, sans jamais renoncer à son regard singulier, empreint des arts graphiques japonais.
🤍 Là où ses amis peintres revendiquent la pâte généreuse et la couleur éclatante, Foujita préfère la réserve, la ligne nette, le contrôle absolu du blanc. Cette maîtrise, il la cultive jusqu’à faire de son fameux « blanc Foujita » une empreinte immédiatement reconnaissable. Son voyage en Italie en 1921, et la découverte des maîtres de la Renaissance, renforcent encore son goût pour les modelés sobres et les fonds opalins, un classicisme discret qui traversera toute son œuvre.
Au fil de sa vie, un sujet l’accompagne avec constance : les chats. Ils peuplent ses ateliers, apparaissent dans ses dessins, grimpent sur les genoux de ses modèles et s’invitent jusque dans ses autoportraits. Parmi ses modèles favoris, son bien-aimé Mike (contraction de Mike-node, chat à trois couleurs en japonais), mâle tigré qui, plus qu’un compagnon de vie, devient un véritable alter ego pour l’artiste.
🐈 Pour Foujita, les chats incarnent une présence silencieuse et familière qui lui permet d’unir dans ses œuvres la délicatesse japonaise et l’observation occidentale. Rendus à la plume ou au pinceau, ils n’ont rien de décoratif : ils respirent, s’étirent, observent, souvent avec cette attitude désinvolte dont seuls les félins ont le secret.
Publié à New York en 1930, Le Livre des Chats réunit vingt eaux-fortes hors-texte, réalisées sur papier Arches, qui comptent parmi les gravures les plus raffinées de l’artiste. Foujita y déploie son style si caractéristique : un trait d’une grande précision, influencé par la calligraphie japonaise, allié à un sens occidental de la composition et du modelé. Les chats y apparaissent tantôt comiques, tantôt majestueux, toujours habités d’une forte présence. L’ouvrage est accompagné de textes poétiques de Michael Joseph, qui donnent à chaque félin un petit portrait littéraire. Cet ouvrage est considéré comme l’un des sommets de l’art de Foujita. Il est devenu culte, tant pour la qualité exceptionnelle de ses illustrations que pour la vision très singulière du chat qu’il transmet.
🐾 Dans un siècle marqué par les modernités turbulentes, l’artiste poursuit une voie personnelle, avec une fidélité rare à son propre langage. Et, dans cette constance, les chats demeurent ses alliés : discrets, énigmatiques, ils sont les témoins complices d’un art qui cherche moins l’effet que la justesse. À travers eux, Foujita raconte quelque chose de simple et profond : ces petites créatures, qui passent dans nos vies et ne sortent jamais de nos cœurs, sont le reflet d’une partie de nous-même.
« Je crois que les félins ont été donnés à l’homme pour qu’il fasse auprès d’eux l’apprentissage de la femme.“ Foujita.
À bientôt sur Sfumato ! 💫
.
.
1. Autoportrait au chat (1926). Musée des Beaux Arts Lyon.
2. Chat couturier (1927)
3. Bataille de chats (1940). Musée d’Art Moderne de Tokyo.
4. Autoportrait (1928)
5. Chat assis (1930)
6. Chat assis de face (1929)
7. Youki au chat (1923)
8. Chat (1931)
9. Chat endormi (1926)
10. Foujita avec son chat


