Focus art

Lucien-Victor Guirand de Scévola

🎨 Virtuose du pastel

Célébrons aujourd’hui la naissance d’un artiste au parcours singulier. Élève de Fernand Cormon à l’École des Beaux-Arts de Paris, ce natif de Sète acquiert une solide maîtrise du dessin et du modelé, avant de s’attacher à l’expression la plus subtile de la lumière et des atmosphères. Et c’est dans le pastel qu’il trouve son médium de prédilection.

✨ Sous sa main, la matière veloutée devient émotion : elle adoucit les contours, atténue les contrastes, enveloppe les visages d’une brume légère. Ses figures féminines semblent surgir d’un halo de lumière, telles des apparitions émergeant d’un rêve. Peintre de l’intime et du frémissement, Guirand de Scévola développe un univers suspendu, entre présence et effacement. Par la finesse de son toucher, il s’inscrit dans la lignée des grands pastellistes du XVIIIᵉ siècle dont il prolonge, sans les imiter, la tradition du regard intérieur et de la lumière feutrée.

Artiste aux multiples talents, il s’est illustré en tant que portraitiste auprès de la haute société parisienne, décorateur de théâtre et, de manière plus inattendue, maître du camouflage militaire [*].

🌹 Son expérience de la mise en scène nourrit considérablement son imaginaire pictural. Ainsi, les figures féminines qui peuplent ses œuvres ressemblent à des héroïnes de théâtre, drapées dans des costumes d’un autre âge qui évoquent à la fois les fastes médiévaux et les rêveries préraphaélites. Jusqu’à la fin de sa vie, Guirand de Scévola demeure fidèle à sa vision, à la jonction du symbolisme et de l’esthétique fin de siècle. Un idéal qui n’est pas sans rappeler la peinture de son contemporain Gaston Bussière, lui aussi habité par le goût du merveilleux et des légendes.

1. Tête de femme de profil (1900). Musée Fabre, Montpellier.
2. Portrait de femme (1902) *
3. La Chevelure *
4. Portrait de Sarah Bernhardt (1899) *
5. Femme de dos *
6. Jeune fille de face (1899) *
7. Portrait de jeune fille de profil *
8. Jeune princesse (1930) *
9. Jeune princesse de profil (1899) *

* Coll. privée
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À bientôt sur Sfumato ! 💫
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[*] Durant la Première Guerre mondiale, Lucien-Victor Guirand de Scévola met au point des techniques de camouflage destinées à dissimuler le matériel militaire sur le champ de bataille — une application singulière, mais logique au vu de son sens aigu des valeurs et des nuances. C’est en 1915, sous l’autorité du général Joffre, alors commandant en chef des armées françaises et futur maréchal, que l’artiste met au point la première Section de camouflage. Officier de réserve et peintre aguerri, il sut convaincre le haut commandement de l’utilité d’appliquer les principes de la couleur et de la perception visuelle à la stratégie militaire. Avec Joffre, il instaura une véritable collaboration entre artistes et ingénieurs, ouvrant la voie à une discipline inédite où l’œil de l’artiste devenait instrument de défense.