Enchères

Souvenir d’un Américain à Paris

Pour sa vente du 4 mai, l’étude Farran Enchères dévoile une œuvre rare de John White Alexander, restée jusqu’à présent dans la collection privée de la famille du modèle.

🎨 Après avoir travaillé comme illustrateur à New York, le peintre compléta son apprentissage en Europe dès les années 1870. Un parcours initiatique de 4 ans au cours duquel il étudia à Munich, puis à Florence, Venise et surtout à Paris, dans les ateliers de peintres académiques. C’est à Venise qu’il rencontra un autre artiste américain, James Abbott McNeill Whistler, dont il adopta le goût pour les compositions épurées et les harmonies tonales.

La peinture de John White Alexander se distingue par un grand sens du raffinement et une subtile capacité à traduire les états émotionnels de ses modèles. Influencé par le symbolisme européen et le mouvement Aesthetic, l’artiste américain privilégiait les compositions épurées, souvent baignées d’ombres moelleuses et de lumières sourdes. Il accordait une attention particulière à la gestuelle, aux drapés, aux expressions figées dans la rêverie, tout en conférant à ses portraits une qualité musicale et onirique.

Dans le Portrait d’Édith Révil, on retrouve cette touche suggestive, où l’ambiguïté émotionnelle importe davantage que la narration. Le traitement vaporeux des contours, la palette sourde et le dialogue silencieux entre la figure humaine et l’animal soulignent l’art du peintre à capturer l’intime et l’invisible.

✨ Édith Révil, adolescente de quatorze ans au regard franc et à la chevelure lâchée, est installée sur le devant d’une chaise. Le visage appuyé sur sa main, elle fixe le spectateur avec une certaine désinvolture. Son regard exprime une forme de lassitude teintée de douce mélancolie. Les accents rouges de sa bouche, le rose de ses pommettes et la fleur dans ses cheveux dialoguent visuellement avec les tonalités du mobilier et du fond, tandis qu’ils tranchent avec le vert de sa robe longue. Un choix de couleurs franches qui rompt avec les harmonies feutrées du style whistlérien.

Du fond sombre et abstrait, seuls émergent la figure de la jeune femme et le pelage du chien blanc allongé à ses pieds. La présence de l’animal accentue cette impression de calme suspendu. La lumière tamisée renforce cette sensation et confère à l’ensemble une qualité de rêve ou de souvenir. Un souvenir qui devrait en émouvoir plus d’un en salle des ventes…

🗓️ Dimanche 4 mai, 14h00 : Vente « Les Phares » 2025, Farran Enchères (Montpellier)

🔎 Lot 22 : John WHITE ALEXANDER (1856-1915), Portrait d’Édith Révil (1900). Huile sur toile signée de 121,5 x 91 cm. [ Estim. 30 000 – 50 000 € ]

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